« Nichts wird wieder so, wie es einmal war »*

En 2019, Univerciné allemand commémore la chute du mur de Berlin et donne à voir la façon dont le renversement de l’ordre établi est un motif qui ne cesse d’animer la jeune création allemande, que ce soit dans le choix de ses sujets ou dans son esthétique.

Plusieurs films reviennent directement sur l’histoire de la séparation entre les deux Allemagnes, que ce soit de manière poétique (Les Ailes du désir), ludique (Cléo) ou réaliste (L’Œuvre sans Auteur, rappelant la trajectoire du peintre Gerhard Richter**).

Au-delà de ces films, cette sélection 2019 montre l’intérêt de la jeune création allemande pour les formes de micro-résistances aux ordres sociaux injustes et aux destins tracés. C’est le cas des éducateurs de Benni (Systemsprenger), qui font tout pour l’arracher à sa trajectoire, ou des bénévoles de l’Auberge des migrants, continuant coûte que coûte à distribuer des repas aux exilés de Calais (Roads). De leur côté, les hommes d’Another Reality tentent de se construire une nouvelle vie, malgré les déterminismes sociaux, tandis qu’Oray lutte entre l’amour pour sa femme et l’interprétation rigoriste de l’islam de son imam. Janne, elle, refuse d’endosser le statut de victime — qu’elle est pourtant (Comme si de rien n’était) — tandis que Frau Stern s’oppose à sa manière aux effets de l’âge. Les cinéastes s’attachent à montrer l’engagement de leurs personnages dans ces combats, qui ne sont pourtant pas tous victorieux.

Ces réalisateurs et réalisatrices de films en langue allemande résistent à la facilité des rôles et des mises en scène stéréotypées, pour choisir des formes d’expression inattendues. C’est particulièrement le cas de la réalisatrice Susanne Heinrich, qui brise explicitement l’illusion cinématographique (Das melancholische Mädchen), ou d’Anatol Schuster, qui irradie son personnage des lumières de Berlin. Fatih Akin, lui nous emmène dans un genre où nous ne l’attendions pas…

Nous vous invitions à venir fêter avec nous les 30 ans de la chute du mur et nous vous attendons nombreux pour cette nouvelle édition d’Univerciné, nous espérons que vous vous laisserez inspirer par ce souffle de liberté venu d’Allemagne !

Martin Krechting, pour l’équipe du festival

* « Rien ne sera jamais plus comme avant », Willy Brandt, 10 novembre 1989.
**Nous vous invitons à retourner voir ses tableaux au Musée d’Arts de Nantes après avoir vu le film !